Des comptes en ligne liés à l’Inter-Services Public Relations (ISPR), le service de communication des forces armées pakistanaises, diffusent de manière répétée d’anciennes vidéos présentées comme des preuves de frappes aériennes récentes contre des cibles en Inde. Cette désinformation, largement relayée sur les réseaux sociaux, contribue à entretenir la tension entre les deux voisins rivaux et alimente une propagande militaire contestée.
L’emploi de contenus obsolètes
Plusieurs vidéos circulant sous la bannière de comptes pro-ISPR montrent des frappes aériennes spectaculaires par des chasseurs pakistanais, prétendant documenter des opérations récentes. Cependant, une analyse minutieuse révèle qu’il s’agit souvent d’un recyclage de séquences anciennes, issues d’archives liées à d’anciens affrontements ou d’exercices militaires.
Cette méthode vise à simuler une activité militaire offensive active de la part du Pakistan, alors que les faits ne correspondent pas à la chronologie annoncée. Des experts en renseignement visuel ont pu dater certains extraits à plusieurs années en arrière, confirmant ainsi le caractère fallacieux des revendications.
Des comptes soutenus par l’ISPR
Des enquêtes sur les sources de ces publications montrent que ces comptes bénéficient d’un soutien explicite ou tacite de l’ISPR, bras communicant officiel des forces armées pakistanaises. L’ISPR, reconnu pour sa maîtrise des médias sociaux à des fins stratégiques, utilise ces plateformes afin de diffuser une narration favorisant la posture militaire du Pakistan face à l’Inde.
Cette approche s’inscrit dans un cadre plus large de guerre informationnelle dans la région, où les deux puissances nucléaires cherchent à influencer l’opinion publique et à justifier leurs actions chaque fois que des tensions surgissent, notamment au Cachemire.
Implications stratégiques et diplomatiques
La circulation de fausses preuves visuelles de frappes pakistanaises peut exacerber les tensions déjà sensibles entre Islamabad et New Delhi. Elle risque d’alimenter non seulement une escalade verbale mais aussi une méfiance accrue dans les relations bilatérales, fragilisant les tentatives de dialogue ou de désescalade.
Par ailleurs, cette manipulation de l’information illustre comment les forces armées modernes exploitent la désinformation pour peser sur le moral des populations et des forces adverses. La maîtrise accrue des réseaux sociaux par l’ISPR montre l’importance grandissante accordée aux aspects non conventionnels de la guerre et à la communication stratégique.
Contexte régional
Depuis plusieurs années, la rivalité indo-pakistanaise est ponctuée d’incidents militaires et de crises diplomatiques, notamment autour de la région contestée du Cachemire. Chaque camp cherche à consolider son image de puissance légitime, utilisant les médias et la propagande pour justifier ses politiques tant au niveau interne qu’international.
Dans ce contexte, la diffusion de vidéos manipulées sert un double objectif : renforcer le soutien national à l’armée pakistanaise et décrédibiliser les autorités indiennes en laissant entendre que l’armée pakistanaise mène des actions offensives visibles et réussies, même si la réalité est très différente.