Face à une éventuelle intervention américaine en cas de conflit autour de Taïwan, la Chine déploie une stratégie militaire complexe visant à limiter l’efficacité des forces américaines. Cette approche combine capacités conventionnelles renforcées, systèmes anti-accès et déni de zone (A2/AD) sophistiqués, ainsi que des moyens cyber et de guerre électronique avancés.
Le théâtre de Taïwan est envisagé par Pékin comme un terrain où neutraliser rapidement toute intervention étrangère est essentiel pour assurer la souveraineté chinoise. Dans ce cadre, l’Armée populaire de libération (APL) privilégie le développement de plateformes capables d’infliger des pertes sévères aux forces navales et aériennes américaines avant même qu’elles n’approchent des zones sensibles.
Parmi les principaux vecteurs de cette stratégie, figurent :
- Les missiles balistiques et de croisière à longue portée, capables d’atteindre porte-avions, bases militaires et navires de guerre dans le Pacifique. L’amélioration constante de la précision et des capacités de brouillage et de pénétration de ces missiles complique radicalement la mission de défense américaine.
- Les sous-marins diesel-électriques avancés, qui offrent à la Chine la possibilité de mener des opérations discrètes sous la surface, menaçant les groupes aéronavals américains et les lignes de ravitaillement en mer.
- Les systèmes de défense aérienne et antimissile modernes, conçus pour établir un « parapluie » protecteur autour des zones stratégiques, rendant difficiles les frappes aériennes ennemies.
- Les capacités accrues en guerre électronique et cyber, destinées à neutraliser les réseaux de communication, de surveillance et de commandement des opérateurs occidentaux durant la phase critique du conflit.
Cette configuration de forces permet à la Chine de mettre en œuvre une doctrine d’« anti-accès et de déni de zone » (A2/AD) qui vise à repousser ou à limiter l’entrée des forces américaines dans les zones proches de Taïwan, augmentant ainsi le coût opérationnel d’une intervention. Le recours à des véhicules aériens sans pilote (drones) et des capacités spatiales vient également renforcer cette posture défensive et offensive.
En outre, la Chine prépare des scénarios incluant des opérations amphibies rapides, soutenues par des forces aériennes massives pour isoler l’île de Taïwan, anticipant ainsi une confrontation multidomaine où la supériorité technologique et la coordination des différents corps de l’APL seront mises à l’épreuve.
Dans le contexte géopolitique actuel, ces développements accentuent les tensions et soulignent l’évolution rapide des doctrines militaires asiatiques. Ils posent un défi majeur à la projection stratégique américaine dans la région Indo-Pacifique, invitant à une adaptation constante des capacités et des concepts d’opérations.