Le programme MMRCA, qui visait à moderniser la flotte de chasseurs de l’Indian Air Force, est désormais considéré comme une opportunité ratée pour l’Inde. Un ancien Maréchal de l’air indien revient sur les raisons de cet échec stratégique et les conséquences pour la défense aérienne nationale.
Le programme Medium Multi-Role Combat Aircraft (MMRCA), lancé il y a plus d’une décennie, devait permettre à l’Indian Air Force (IAF) de remplacer ses avions obsolètes et de renforcer ses capacités face aux menaces régionales. Toutefois, ce dossier s’est transformé en fiasco, avec une commande réduite puis annulée, et un retard conséquent dans le renouvellement du parc aérien. Selon un ancien Maréchal de l’air indien, cette erreur stratégique pourrait peser lourd dans les années à venir.
La sélection initiale du Rafale français, en tant qu’avion retenu pour le contrat MMRCA, symbolisait une avancée majeure. Mais des négociations longues et complexes, mêlées à des questions politiques, industrielles et financières, ont ralenti considérablement le processus. La volonté de produire localement une majeure partie des avions au sein de l’Inde – selon le concept « Make in India » – n’a jamais pu être concrétisée efficacement avec Dassault Aviation, ce qui a exacerbé les tensions.
Au lieu de la commande initiale prévue de 126 avionneurs, l’Indian Air Force n’a réceptionné que 36 appareils Rafale, en achat direct et non dans le cadre du contrat MMRCA. Cette réduction drastique représente une perte stratégique considérable, surtout dans un contexte géopolitique tendu avec la Chine et le Pakistan.
Les conséquences immédiates sont une capacité affaiblie et un retard dans la modernisation, avec un impact négatif sur la projection de la puissance aérienne indienne. Le Maréchal de l’air souligne que cette situation a laissé un « vide opérationnel » qui a nui à la préparation et à la dissuasion aérienne.
Il insiste sur le fait que l’erreur n’est pas seulement technique ou contractuelle, mais relève d’une vision stratégique insuffisamment intégrée entre les besoins militaires, les priorités politiques et les impératifs industriels. La France, bien qu’offrant un Rafale éprouvé et performant, ne fut pas en mesure d’accompagner pleinement la montée en compétence de l’industrie indienne.
En conclusion, l’ancien chef militaire appelle à tirer les leçons de cette expérience. Pour lui, il est essentiel d’adopter un modèle d’acquisition militaire plus cohérent, alliant pragmatisme industriel et exigences opérationnelles, afin de garantir la supériorité technologique de l’Indian Air Force dans les prochaines décennies.