État en déliquescence : la résurgence d’al-Shabaab en Somalie

Le groupe islamiste somalien Al-Shabaab connaît une résurgence inquiétante, profitant de la fragilité persistante de l’État somalien. Malgré les efforts internationaux et régionaux pour stabiliser le pays, cette organisation armée renforce sa présence et multiplie les attaques, compromettant la sécurité et la reconstruction nationale.

Depuis la disparition d’Abdulkadir Mohamed Abdulkadir, connu sous le surnom de Mukhtar Robow, leader historique démissionnaire d’Al-Shabaab, la dynamique du groupe a changé. Al-Shabaab a su tirer profit des divisions politiques internes, de la faiblesse des institutions et de la compétition entre clans pour s’implanter dans plusieurs régions rurales et urbaines, notamment dans le centre et le sud de la Somalie.

Al-Shabaab, un acteur clé du terrorisme régional

Apparu au début des années 2000 en tant que branche des tribunaux islamiques, Al-Shabaab s’est imposé comme la principale force jihadiste dans la Corne de l’Afrique. À travers son idéologie radicale et son rejet de la présence étrangère, le groupe entretient des liens avec Al-Qaïda et recrute parmi les populations locales en promettant ordre et justice selon la charia.

Les attentats-suicides, embuscades, et attaques coordonnées ciblent régulièrement les forces gouvernementales somaliennes, la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), ainsi que les civils. Ces actions contribuent à l’instabilité chronique de ce pays en proie à une guerre civile prolongée depuis près de trois décennies.

Les causes profondes de la résurgence

Plusieurs facteurs expliquent le regain d’activité d’Al-Shabaab. En premier lieu, la gouvernance centrale reste faible, avec un État en déliquescence incapable d’assurer la sécurité sur l’ensemble du territoire. De plus, la corruption et les rivalités politiques affaiblissent la cohésion nationale et détournent les ressources indispensables.

Ensuite, les efforts militaires restent insuffisants et la coopération régionale parfois entravée. Le retrait progressif de certaines troupes africaines et le manque d’équipement adapté limitent l’efficacité des opérations contre cette force insurgée bien organisée et résiliente.

Enfin, la pauvreté sévère, l’exclusion sociale et le faible accès aux services essentiels alimentent le recrutement d’Al-Shabaab, qui exploite habilement les ressentiments et les frustrations des populations vulnérables.

Une menace pour la paix et la sécurité dans la Corne de l’Afrique

La montée en puissance d’Al-Shabaab complique non seulement la reconstruction de la Somalie, mais menace aussi la stabilité des pays voisins comme le Kenya, l’Éthiopie et Djibouti. De nombreuses attaques transfrontalières ont eu lieu ces dernières années, visant notamment des cibles civiles et militaires, accentuant un climat d’insécurité régionale.

Face à ce danger, la communauté internationale et les États africains doivent renforcer leur coordination, améliorer le soutien logistique et humain aux forces somaliennes, et promouvoir des politiques inclusives pour réduire l’influence des groupes extrémistes.

La bataille contre Al-Shabaab nécessite un engagement à long terme, combinant action militaire, efforts diplomatiques et développement socio-économique afin d’endiguer durablement cette mouvance terroriste et rétablir un ordre politique viable en Somalie.