Dans un rebondissement qui pourrait sortir tout droit d’un roman d’espionnage, la Russie puise dans son manuel de la guerre froide pour contrer la technologie de pointe de l’Ukraine en matière de drones maritimes.
Croyez-le ou non, la marine russe utilise son avion amphibie Beriev Be-12 des années 1960 pour s’attaquer au dilemme moderne des drones navals ukrainiens. Ces drones sont devenus une épine dans le pied de la flotte russe de la mer Noire, et Moscou fait le pari que son Beriev Be-12, modernisé mais vieillissant, pourrait relever le défi.
Selon Business Insider India, au cours des deux derniers mois, l’Ukraine a intensifié ses opérations contre la flotte russe de la mer Noire, bien qu’elle ne dispose pas d’une marine traditionnelle. L’armée ukrainienne a lancé des attaques au missile de croisière contre des chantiers navals et des quartiers généraux de la flotte, tout en mobilisant des navires de surface sans pilote, ou drones navals, contre les ressources navales russes. Ces drones rentables, chargés d’explosifs, sont devenus un défi de taille pour la Russie.
L’Ukraine développe avec ambition ce qu’elle décrit comme « la première flotte de drones navals au monde ». Ces drones maritimes ont déjà endommagé des navires russes, dont l’Olenegorsky Gornyak et le pétrolier marchand Sig. Bien que le ministère russe de la défense ait contesté ces affirmations, il continue à chercher des contre-mesures efficaces contre ces menaces maritimes.
Le Beriev Be-12 Chayka (« Mouette », nom de rapport OTAN : Mail), qui a effectué son premier vol en 1960, n’est pas un avion ordinaire. Conçu avec une aile arquée en forme de V pour les décollages sur l’eau et un fuselage inférieur semblable à celui d’un navire pour les atterrissages sur l’eau, même dans des conditions orageuses, le Be-12 est une relique dotée de capacités remarquables. Il est propulsé par des turbopropulseurs de l’ère soviétique, ce qui ajoute une touche de nostalgie à ses capacités modernisées. L’avion peut voler à une vitesse de plus de 500 kilomètres par heure et dispose d’une réserve de carburant qui lui permet d’effectuer des missions de plus de 4 000 kilomètres ou d’une durée de plusieurs heures. L’avion est armé d’une gamme de mines, de torpilles et de bombes.
En 2018, la marine russe a décidé de redonner vie à ces vieux appareils. La modernisation a permis de doter le Be-12 d’un tout nouveau système de ciblage et d’un armement moderne. Bien qu’il s’agisse du plus vieil appareil encore en service dans les forces armées russes, le Be-12 modernisé devrait améliorer radicalement les capacités de reconnaissance de la Russie contre les sous-marins ennemis grâce à des systèmes de détection hydroacoustique, radar et magnétique. L’avion sera également armé de torpilles anti-sous-marines modernes et de bombes de profondeur.
Les Beriev Be-12 sont actuellement stationnés sur la base aérienne de Kacha, en Crimée. Le haut commandement russe semble croire que ces avions modernisés pourraient changer la donne dans la lutte contre la menace navale ukrainienne en mer Noire.