La candidature de la Suède à l’OTAN représente un tournant majeur dans la sécurité européenne, infléchi par les mutations géopolitiques récentes. Cette perspective d’adhésion s’inscrit dans un contexte stratégique profondément bouleversé, où la neutralité traditionnelle du pays est remise en question face aux nouvelles menaces.
Depuis l’offensive russe en Ukraine, la Suède a revu sa posture de défense. Ce changement stratégique vise à renforcer sa sécurité collective et à bénéficier de la protection offerte par l’Alliance atlantique, notamment dans le cadre du principe de défense mutuelle consacré par l’article 5 du traité de Washington.
La démarche suédoise soulève toutefois plusieurs enjeux diplomatiques et militaires. En premier lieu, l’adhésion nécessite l’unanimité des États membres de l’OTAN, ce qui implique un processus de ratification où certains pays, comme la Turquie, ont exprimé des réserves. Ces dernières portent principalement sur des questions liées à la lutte contre le terrorisme et aux relations entre Ankara et Stockholm.
Sur le plan militaire, l’intégration de la Suède offre un renforcement non négligeable des capacités de l’OTAN en mer Baltique et sur le flanc nord, avec un matériel moderne et des forces bien entraînées, notamment dans des domaines comme la cyberdéfense et les opérations amphibies.
L’adhésion de la Suède pourrait également rééquilibrer la présence stratégique dans la région nordique, en complément de la Finlande, déjà membre de l’Alliance. Ensemble, ces deux pays deviennent des piliers essentiels de la politique de dissuasion européenne face à la Russie.
Enfin, cette évolution a un impact sur les relations internationales, modifiant les équilibres et parfois accentuant les tensions, notamment entre Bruxelles, Moscou et Ankara. Elle illustre la recomposition géopolitique en cours en Europe et l’importance croissante des alliances militaires pour garantir la stabilité régionale.