L’illusion dangereuse de l’armée pakistanaise : mener une guerre arabe contre Israël et l’Inde

La posture stratégique de l’armée pakistanaise repose encore sur une logique d’alignement avec les pays arabes dans une opposition commune à Israël, tout en poursuivant son conflit ancien avec l’Inde. Cette double approche, si elle véhicule un certain discours politique, représente en réalité une illusion dangereuse en termes militaires et géopolitiques.

À première vue, Islamabad s’efforce de projeter une image d’alliance avec le monde arabe, partageant notamment une volonté affichée de résistance contre Israël. Ce positionnement s’appuie sur des liens religieux et diplomatiques, mais aussi sur un soutien supposé dans la rivalité avec l’Inde. Cependant, cette stratégie ne traduit pas la réalité opérationnelle ni les capacités militaires concrètes du Pakistan.

Sur le terrain, les forces armées pakistanaises sont avant tout concentrées sur un seul et unique front : celui de la frontière indo-pakistanaise. Le contentieux historique entre les deux puissances nucléaires, notamment autour de la région contestée du Cachemire, détermine une priorité stratégique ferme, exigeant une préparation constante à un conflit conventionnel mais aussi asymétrique.

Cette focalisation limite d’autant leur marge de manœuvre pour entamer une guerre contre Israël, dont le théâtre est géographiquement éloigné et implique des attentes en termes de logistique, d’alliances solides, et surtout de capacités technologiques.

Le Pakistan ne dispose pas des moyens aériens, navals et cybernétiques suffisants pour s’engager efficacement sur ce second front. De plus, l’absence de coalitions militaires concrètes avec les pays arabes du Golfe, qui disposent de capacités et d’infrastructures supérieures, révèle une certaine isolation stratégique. Le soutien arabe demeure plutôt diplomatique et symbolique que militaire tangible.

Dans ce contexte, la prétendue volonté d’une guerre « arabo-pakistanaise » contre Israël masque une réalité de préparation limitée qui pourrait se révéler très risquée si elle se traduisait en action. Une telle entreprise impliquerait des conséquences géopolitiques majeures, notamment en exacerbant les tensions régionales et internationales, sans garantir la réussite militaire.

Par ailleurs, les défis économiques et les contraintes internes auxquelles est confronté le Pakistan affectent la modernisation de ses forces armées, freinant son ambition de mener une stratégie multi-fronts. Cette situation contraste fortement avec l’évolution technologique et doctrinale rapide observée dans les armées israéliennes et indiennes.

En définitive, l’armée pakistanaise est enfermée dans une illusion stratégique consistant à concilier une posture idéologique, politico-religieuse, et une capacité militaire déphasée. Elle demeure avant tout focalisée sur la défense contre l’Inde, et sa participation active ou efficacité dans une guerre complexe contre Israël reste hautement improbable, au regard des réalités géopolitiques et militaires actuelles.