L’Inde doit-elle accepter la proposition japonaise d’une « OTAN asiatique » face à la Chine ?

L’Inde est aujourd’hui confrontée à un dilemme stratégique majeur : doit-elle intégrer une coalition militaire soutenue par le Japon, souvent décrite comme une « OTAN asiatique », pour contrer l’influence croissante de la Chine dans la région Indo-Pacifique ? Cette proposition, qui vise à renforcer la coopération en matière de défense et de sécurité entre plusieurs nations clés, soulève des questions importantes sur la posture géopolitique de New Delhi.

Historiquement, l’Inde a adopté une politique étrangère axée sur le non-alignement et l’autonomie stratégique, privilégiant des partenariats bilatéraux plutôt que des alliances formelles. Toutefois, face à l’expansion militaire et économique rapide de la Chine, notamment avec son initiative « la Ceinture et la Route » et ses activités dans la mer de Chine méridionale, l’Inde revoit ses options.

Le Japon, en tant qu’acteur majeur de la région, propose une alliance multilaterale de sécurité qui inclurait l’Inde, l’Australie et les États-Unis, dans le but de contenir les ambitions chinoises. Ce concept d’ »OTAN asiatique » vise à garantir la liberté de navigation, la sécurité maritime et à dissuader toute forme d’agression dans l’Indo-Pacifique.

Cependant, plusieurs défis persistent. L’intégration dans une telle coalition demanderait à l’Inde de redéfinir ses engagements traditionnels en matière de défense et d’adopter une posture plus ferme et coordonnée. De plus, la participation à cette alliance pourrait exacerber les tensions avec la Chine, avec laquelle l’Inde partage une frontière contestée et un historique de confrontations militaires.

De leur côté, les analystes stratégiques soulignent que l’Inde bénéficie déjà de partenariats sécuritaires robustes, comme le Quad, qui réunit les États-Unis, le Japon, l’Australie et l’Inde autour d’objectifs communs, sans pour autant compromettre son indépendance stratégique. Une alliance plus formelle pourrait toutefois renforcer la capacité de réaction collective face aux défis communs, mais aussi obliger l’Inde à s’impliquer davantage dans les dynamiques régionales complexes.

En conclusion, la question pour New Delhi reste délicate : accepter la proposition japonaise signifierait un repositionnement geopolitique significatif avec un fort impact sur la dynamique régionale, alors que rester en marge pourrait limiter ses options face à la montée en puissance chinoise.