Pour la Roumanie, pas de corvettes, pas de sous-marins, mais 32 F-35 en priorité. Pas d’Europe, mais une priorité absolue pour les États-Unis : voilà qui résume brièvement la politique d’acquisition du gouvernement roumain. Le ministère roumain de la défense a discrètement transmis le projet d’acquisition du F-35 au Parlement et, comme toujours avec le F-35, le coût des dépenses prévues est énorme : 6,5 milliards de dollars.
Selon un premier mémorandum transmis au Parlement le 4 août, l’ensemble du projet nécessite 48 avions de combat : deux escadrons de 16 F-35 chacun dans la première phase, et un escadron supplémentaire de 16 appareils par la suite. La première phase à elle seule coûtera 6,5 milliards de dollars hors TVA.
Il est intéressant de comparer le cas roumain avec le contrat polonais et le cas FMS (Foreign Military Sales) pour la République tchèque.

Il s’agit du projet le plus coûteux du ministère roumain de la Défense depuis l’acquisition du Patriot (3,9 milliards de dollars pour sept batteries modernisées, achetées dans le cadre du programme Foreign Military Sales) et du HIMARS (1,25 milliard de dollars pour 54 lanceurs et missiles, également achetés dans le cadre du programme FMS). Il convient de noter que le projet F-35 intervient moins d’un an après l’acquisition de F-16 d’occasion auprès du Portugal et de la Norvège.

Tout en réalisant ces investissements majeurs pour rééquiper son armée – récemment renforcée par l’achat de chars M1A2 Abrams d’une valeur de 1,2 milliard de dollars – et son armée de l’air, le gouvernement roumain a négligé ses forces navales, malgré l’importance stratégique croissante de la mer Noire. Il a également lésé les chantiers navals étrangers car, après avoir organisé des appels d’offres distincts pour les sous-marins et les corvettes, il a brusquement abandonné les deux initiatives avec des explications peu convaincantes, voire inexistantes.
Une fois de plus, deux acteurs ont été trompés : la marine roumaine et les chantiers navals français et italiens, qui ont été conduits sur la même voie pour la deuxième fois.