La Russie a placé des radars d’alerte précoce et des radars S-300/S-400 en Crimée

La Russie a déployé plusieurs types de systèmes radar près de Sébastopol, en Crimée. Selon les lignes de visée radar fournies par l’analyste OSINT sur le compte Twitter Radio &amp ; Nukes, le site radar de la base aérienne de Belbek est très actif et couvre un large périmètre.

Radio & Nukes affirme que Moscou a déployé les systèmes radar suivants : Radars d’alerte précoce VHF 5Zh6U NEBO-U [2 pièces], radar d’acquisition 96L6 du système S-300/400 ou autonome [1 pièce], radar d’approche RSP-27 utilisé pour aider les avions à atterrir sans AD [1 pièce] et système de défense aérienne à courte portée Pantsir-S2 [1 pièce].

L’analyse a été réalisée il y a environ deux jours, mais il est possible que Moscou ait déployé les systèmes radar plus tôt. D’après le graphique partagé sur Twitter, il est clair que la ligne de visée de deux des radars atteint le sud de l’Ukraine et couvre des parties des régions d’Odessa et de Kherson. En d’autres termes, la distance entre la base aérienne de Belbek [qui héberge les radars russes] et ces deux régions est de 280 km.

Le radar NEBO-U

Dans l’ensemble des radars situés à Belbek, la pièce de résistance est sans équivoque le radar d’alerte précoce VHF 5Zh6U NEBO-U. Sa capacité à suivre plusieurs cibles à la fois, telles que des missiles balistiques et des avions, lui confère une grande importance.

L’objectif de ce radar est de détecter et de suivre les dangers potentiels dans la gamme VHF [très haute fréquence], un aspect qu’il exploite de façon particulière. Les signaux VHF, caractérisés par des longueurs d’onde comparativement plus grandes que les bandes de fréquences plus élevées, confèrent un avantage inhérent à ce radar. Ils permettent au radar de détecter efficacement les cibles adverses en facilitant la pénétration à travers les obstacles, tels que les infrastructures.

L’utilité du radar NEBO-U dépasse la simple détection. Il constitue une source inestimable de renseignements sur le comportement et les attributs des cibles détectées. Un examen rigoureux des résultats du radar permet aux opérateurs militaires d’accumuler des données sur les dimensions, la vitesse et la trajectoire des objets aériens.

Le radar 96L6

Incorporé souvent en tant que composant essentiel d’un vaste réseau de défense aérienne, le radar 96L6 collabore de manière transparente avec les systèmes radar contemporains, les centres de commandement et de contrôle stratégiques et les systèmes de missiles sol-air.

Le radar 96L6 est loué pour ses capacités de classification et d’identification des cibles. L’efficacité du système repose sur sa capacité à examiner méticuleusement les échos radar et à discerner ainsi le type de cible, qu’il s’agisse d’un avion civil, d’un avion militaire ou d’un missile.

Doté d’une antenne réseau à commande de phase sophistiquée, le radar 96L6 permet un balayage rapide et un suivi précis des cibles sur diverses trajectoires. Doté de compétences de pointe en matière de traitement numérique, le radar élimine méticuleusement les parasites et les interférences. Ainsi, seules les cibles pertinentes sont méticuleusement suivies et rendues visibles aux opérateurs.

La base de Belbek est active

Des développements récents révèlent une activité accrue à la base aérienne de Belbek en Crimée, signalant un engagement militaire russe plus important. Cette activité accrue serait une réponse à l’obtention par l’Ukraine d’artillerie à longue portée ATACMS et de missiles Storm Shadow, ce qui a suscité un malaise au sein du commandement militaire russe.

Dans le but explicite de consolider la défense aérienne de la péninsule de Crimée, Moscou serait en train d’élaborer des stratégies visant à réduire les offensives ukrainiennes. Des tactiques ingénieuses telles que le déploiement de faux intercepteurs MiG-31 sur les pistes d’atterrissage, visant à induire en erreur les systèmes de missiles ukrainiens, ont été observées. Des manœuvres trompeuses similaires avaient déjà été signalées par un autre analyste de l’Open Source Intelligence [OSINT] en ligne.

Parallèlement à cette tromperie optique, les analystes de l’OSINT ont observé la présence d’authentiques MiG-31 dans la région. Une directive émanant du Kremlin il y a tout juste une semaine a ordonné le déploiement de MiG-31 armés de missiles Kinzhal à Belbek, mettant en place des patrouilles régulières au-dessus de la mer Noire. Les experts de la mer supposent que ces patrouilles ont un double objectif : assurer la couverture de la zone de conflit en Ukraine et servir d’avertissement ostensible aux événements en cours dans la bande de Gaza et, en particulier, en Syrie.

La menace pour la Crimée est l’AGM-88 HARM

Le positionnement récent d’importants systèmes radar sur l’aérodrome de Belbek, en Crimée, laisse entrevoir l’intention de Moscou de s’attaquer à la phase initiale d’éventuelles offensives militaires, plutôt qu’à l’armement destructeur qui en résulterait. Plus précisément, le déploiement semble destiné à contrer l’AGM-88 HARM, un missile antiradar crucial pour les frappes réussies sur les positions russes par des engins tels que Storm Shadow et ATAKMS.

Le missile HARM est conçu pour neutraliser les systèmes radar russes. Une fois déployés avec succès, ces systèmes sont incapables de réagir rapidement pour détecter et intercepter les attaques ultérieures de Storm Shadow et d’ATAKMS.

Récemment, le ministère russe de la défense a publié un communiqué indiquant que ses unités de défense aérienne étaient parvenues à neutraliser trois missiles HARM lors d’un assaut ukrainien. Dans ce même communiqué, il a indiqué avoir intercepté quatre missiles ATACMS, deux munitions JDAM et huit projectiles HIMARS. Si l’on en croit les affirmations du ministère russe de la défense, ces exploits ont été accomplis grâce à la neutralisation réussie de trois missiles HARM.

NEBO-U/96L6 contre HARM

Les principaux radars de Crimée, NEBO-U et 96L6′, ont été conçus pour neutraliser toute menace aérienne, mais leur principal défi consiste à contrer le missile AGM-88 HARM, une invention américaine. Isolés, les deux systèmes radars conservent la capacité d’intercepter ce missile américain. Cependant, s’ils fonctionnent indépendamment, le risque d’échec de l’interception augmente considérablement.

Dans le contexte de l’interception du missile AGM-88 HARM, chaque système radar apporte des atouts uniques à un système de défense aérienne. Le radar VHF 5Zh6U NEBO-U facilite la détection précoce et la poursuite dudit missile. Parallèlement, la précision de la poursuite bénéficie du radar 96L6, qui renforce encore la connaissance de la situation.

Néanmoins, il est essentiel de comprendre que pour intercepter un missile tel que l’AGM-88 HARM, il faut non seulement des systèmes radar, mais aussi un ensemble de ces systèmes, des systèmes de défense antimissile et d’autres contre-mesures. L’interception ne peut pas être réalisée uniquement par des systèmes radar. Elle nécessite un système de défense aérienne cohérent comprenant des intercepteurs de missiles et diverses mesures défensives.

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