Airbus et Boeing ont récemment exprimé leur opposition à l’instauration d’une production locale de l’assemblage final de leurs avions en Inde, après avoir tiré des enseignements de leur expérience en Chine.
Ces deux géants de l’aéronautique, qui dominent le marché mondial des avions commerciaux, considèrent que la mise en place d’installations d’assemblage final en dehors de leurs sites traditionnels pourrait entraîner des complications industrielles et stratégiques. Ils craignent notamment que des contraintes locales affectent la qualité, la sécurité et la maîtrise des processus de fabrication, aspects essentiels pour préserver leur leadership et la fiabilité de leurs appareils.
En Chine, où Airbus et Boeing ont tenté d’établir des chaînes d’assemblage finales, les obstacles rencontrés – entre exigences réglementaires, protection du savoir-faire et complexité logistique – ont servi de leçon précieuse. Ces expériences ont conduit les deux constructeurs à privilégier des partenariats industriels et des livraisons de pièces détachées plutôt qu’une production intégrale localisée.
Le développement du marché aéronautique indien est toutefois un enjeu majeur, porté par la croissance rapide du trafic passager et la volonté du pays d’accroître son indépendance technologique. Mais au vu des réticences des constructeurs, le modèle envisagé par New Delhi pourrait privilégier l’assemblage partiel et la fabrication de composants sous licence, tout en laissant l’assemblage final sur les sites en Europe et aux États-Unis.
Ce refus de l’assemblage final local traduit aussi un souci de préservation de la propriété intellectuelle et des standards industriels internationaux, garants de la sécurité aérienne. Pour les forces armées et les compagnies civiles, ces critères sont particulièrement cruciaux dans un contexte géopolitique marqué par des rivalités croissantes sur le contrôle des chaînes d’approvisionnement et des technologies sensibles.